Mohammedia fût notre dernière escale sur le continent
africain. Ce n’était pas au programme mais Lola (globe-trotteuse belge
rencontrée à Gib) nous a fait la surprise de débarquer à Rabat avec son ami
Giacomo. Leur but était de rejoindre le Sénégal en traversant l’Afrique. Tous
les deux avaient également l’envie de tester un jour la navigation à voile… C’est
avec plaisir que nous leur avons proposé de les déposer à Essaouira avec une
halte à Mohammedia pour commencer en douceur.
L’accueil au Maroc nous a tellement plu que nous hésitions
entre partir vers les Canaries ou prolonger de quelques jours notre séjour
africain. Finalement, c’est la 2ème option qui sera retenue !
Malheureusement, nos deux matelots ont souffert du mal de mer
et nos routes se sont finalement séparés à Mohammedia.
Une brève halte de 4 jours nous a cependant permis de
visiter Casablanca et de rencontrer de nouveaux compagnons de voyage (Pauline
et Vincent sur Criquet / Francis et Bertrand sur El Vadrouille).
Et c’est à quelques heures près que nous avons tous pris le chemin vers les Canaries.
Les bons vents étant établis, Avocet ne pouvait pas
attendre un jour de plus pour mettre les voiles !!
Après 3 jours (71 heures exactement avec 6.5 noeuds de
moyenne… magnifique), nous mouillons l’ancre à Playa Francesa.
Cette escale vaut le détour. Sur La Graciosa (1ère île au
Nord des Canaries), la vie s’est arrêtée. Le seul village est déserté des
touristes et nous apprécions le calme dans toute sa splendeur. Les routes
bétonnées n’existent pas. Les rues sont ensablées. Même les tongs ont droit à
des vacances. Vive les pieds nus toute la journée.
Un cratère domine le mouillage. Il n’en fallait pas
davantage pour que les 3 équipages prennent leur courage à deux mains afin de
gravir les 164 m de ce promontoire. Vue superbe sur toute l’île et un peu d'exercice ça ne fait pas de mal aux gambettes qui ont tendance à se la couler
douce sur le bateau.
Après une semaine de détente et de soirées sur les
différents voiliers, il est temps de reprendre la mer.
Notre choix est clair. Nous voulons rester loin des îles
très touristiques Ce sera donc direction La Palma.
220 miles plus tard, nous n’avons pas vraiment le choix des
mouillages. Il n’y en a pas. Nous nous amarrons donc à la marina de Santa Cruz,
ville principale de l’île.
Très bonne escale. Les marineros sont sympas et
accueillants et la marina très bien entretenue. Un léger rouli est seulement a
déploré mais nous y étions par grand calme donc rien de très gênant.
“Marina” signifie aussi pour l’équipage “Arrêt technique”. Avocet
a ainsi subi un prélavage, lavage et relavage de la quille au Yankee !! Tout y
est passé. Les réservoirs d’eaux également car une eau de source est disponible
au ponton. Que demander de plus…
N’oublions pas que les Canaries sont aussi la dernière
escale où il est possible de faire des courses pour la traversée de
l’Atlantique. Santa Cruz, ville typique
avec ses balcons de l’époque coloniale, offre également des commodités pour le
réapprovisionnement.
Nous décidons donc de louer une voiture pour les deux jours
à venir ou "Comment allier plaisir et pratique !"
Cette île est la plus verte de l’archipel et de belles
perspectives de balades s’offrent à nous.
Nous partons donc le lendemain à 6h du matin pour monter à
l’observatoire d’astrophysique à plus de 2400 m. Nous étions partis en short
mais les hauteurs ont eu raison de notre résistance et les vestes polaires ont
vite été sorties du sac. -5°C en haut !!
Mais éblouissement garanti. Un lever de soleil derrière les
montagnes sur une mer de nuages. Quelques instants de calme et de pureté !
Majestueux.
Et la suite des visites ne nous a pas déçus. L’île regorge
de contrastes. Elle est constituée de forêts luxuriantes au nord avec une flore
très variée et conserve une activité volcanique au sud avec les volcans de San
Antonio et Tenegia.
Des plantations de bananes sont entretenues dans les
moindres recoins de l’île du fait d'un climat privilégié.
Partout sur le territoire poussent également les figuiers
de barbarie. Le Capitaine n’hésite pas une seconde. Des provisions gratuites
pour le bateau. Ce serait dommage de s’en priver. Mais gare aux glochides. Et
oui toute médaille a son revers. Les figues de barbaries sont recouvertes de
petites épines presque invisibles. Et une fois piquées dans la peau, il est
difficile de les enlever. 3 jours après, nous en avions encore !!
La pointe sud (Punta de Fuencaliente) abrite également des
salines. La réserve de sel est faite pour le bateau. Au moins on sait d’où il
vient !
Ca y est le bateau est prêt pour un nouveau départ.
Le 9 novembre nous devons impérativement être au Cap Vert
où nos amis nous rejoignent. Donc pas trop le temps de traîner et puis la
marina a un coût.
Prochaine escale :
l’île de La Gomera, point de départ de Christophe Colomb vers les
Amériques.
Nous prévoyons d’y rester deux jours avant de profiter des
bons vents vers le Cap Vert.
Il ne nous a fallu que quelques heures pour rejoindre cette
dernière escale mais malheureusement, éole n’a pas été de notre côté. Pétole… moteur
pendant 8 heures.
Mais la grande nouvelle, c’est que nous avons pris notre
premier poisson à la traîne… Une belle dorade coryphène. On peut dire qu’elle a
eu une belle mort. Endormi au Havana Club de 7 ans d’âge par le Cap’tain…
Et ce soir, ce sera papillote au BBQ. L’équipage s’en
pourlèche les babines d’avance. Enfin, une vraie vie de vagabonds des mers…