mercredi 12 février 2014

L'aventure terrestre

Dur dur d'écrire !!
Tant de choses à raconter et tant à partager !
Voilà presque deux mois que nous sommes les heureux propriétaires de hamacs brésiliens.
Achetés à Belem après deux jours de bus dans les pattes, ce sofa aérien et écolo est pourvu d'une image de paresse et de total farniente en Europe.
Cependant, ce filet replacé dans son pays d'origine se trouve être le système le plus pratique qui soit. Utile en tout et pour tous (petits et grands) :
- Pour ne pas être victime de bestioles en tout genre (minuscules jusqu'à bien dodues) à la nuit tombée
- Pour éviter d'être mouillé lors des pluies diluviennes qui rendent les sols glissants et boueux
- Pour optimiser la place sur les petits ferries de bois qui descendent et remontent le fleuve Amazone et ses affluents
- Pour maximiser l'hygiène, chacun gérant son espace avec ses critères de qualité lors des déplacements en communauté.

Le confort est assurément "Incrivel"(prononcé incriviou) équivalent d'incroyable. C'est le mot. On s'y fait très rapidement. C'est adaptable au corps et à l'humeur. Tantôt bureau (j'y suis au moment ou j'écris ce post), tantôt lit, tantôt siège conversation très à la mode il y a plus de 150 ans.
Nous les avons adoptés. Maintenant, nous les installons partout et c'est finalement très économique !

Pierre en grand travail

Après notre traversée, nous sommes donc restés à Jacaré Marina proche de João Pessoa une bonne dizaine de jours. Rituel naturel et nécessaire, les premiers jours sont consacrés au grand nettoyage. L'Atlantique nous a apporté son lot de sel et s'en débarrasser n'est pas mince affaire. Tout est donc dessalé, désinfecté, briqué. Lavage du linge sale à la main également.
Tout est sorti, lavé, séché et rangé à nouveau. Cela fait du bien au corps et à l'esprit. Purification assurée !!

Nous faisons très rapidement la connaissance de Panxo et Aranxa sur leur flambant Sangria vert. Le feeling passe très facilement ; tout s'enchaîne et nous voilà à partager tous les 4 accompagnés de Francis, un des gérants de la marina, nos premières fêtes brésiliennes. Nous passons notre samedi de festivités typiques (Sabadino) avec groupe de samba et de choro. Nous goûtons les délicieuses caïpirinhas à base de cachaça ainsi que les mets locaux (crêpes de tapioca, churrascos, purée de manioc, feijoada,...) qui nous laissent un p'tit goût de reviens-y tant ces saveurs sont loin de ce que nous connaissons déjà.

Après seulement quelques jours à terre, nous étions au coeur de la vraie culture brésilienne et non celle que l'on veut bien nous vendre sur prospectus... C'était parfait. Bonne ambiance et toutes les générations se mélangent sans gêne les unes des autres. Tout le monde danse sur des musiques plus ou moins modernes, chacun s'amuse dans une atmosphère bonne enfant.
Nous rentrons vers 21h30. Nous pensions qu'il était bien plus tard. Certainement encore un peu de fatigue et de décalage horaire. Nous ne faisons pas long feu, et c'est épuisés que nous nous endormons.

Panxo et Aranxa dégustant des brochettes au fromage

Concert improvisé devant la cachaçaria

No comment

Les plans n'étaient pas vraiment établis à notre arrivée ici. Nous pensions rester une quinzaine de jours tout au plus. Mais l'envie de visiter le Brésil a été plus forte.
Les jours suivants, il nous paraît évident de rester plus que prévu et de prendre le temps de découvrir les particularités et singularités de ce beau pays.
Mais quoi et comment ?
Le Brésil compte 27 états et districts et fait plus de 15 fois la France. Des choses à faire et à voir, il y en a.
Partagés entre l'envie de prendre les sacs à dos en mode backpacking pour quelques temps et celle de profiter de la saison aux Caraïbes avant la période cyclonique, il fallait trouver un compromis.

Francis nous parle alors d'excursions en Amazonie assez faciles à réaliser depuis Jacaré. Il nous met l'eau à la bouche avec ces histoires de hamacs et de plages de sable blanc au beau milieu de la jungle.
Les grandes villes ne nous attiraient pas plus que ça. Nous avions envie de vert après tout ce bleu !

Nous coupons donc la poire en deux et décidons d'organiser un trip d'un peu moins d'un mois et demi, la majorité en forêt amazonienne et la dernière semaine consacrée aux chutes d'Iguazu au sud du pays. Ce qui nous permettra également de rejoindre les Caraïbes au mois de mars.
L'équipage est d'accord et c'est parti pour une étude de prix approfondie !
Laisser le bateau en marina quelques semaines n'est généralement pas dans notre budget mais heureusement Jacaré n'est pas la plus chère et nous permet de nous offrir cette escapade. Et puis, nous ne reviendrons pas de sitôt. Alors, profitons de ce que les escales nous offrent !! Il sera toujours temps de travailler plus tard pour renflouer la caisse de bord.

Après recherches internet et discussions avec les différents équipages revenant de trips similaires, nous optons pour le programme suivant :
- Départ de João Pessoa pour Belem en bus (40 heures... on n'est pas arrivé). Arrêt de 3 jours pour visites.
- Trajet en bateau hamacs de Belem à Santarem pour une première escale sur l'Amazone. Arrêt plus ou moins long pour découvrir le village d'Alter do Chao à environ 40 minutes de bus.
- Reprise d'un bateau hamacs de Santarem à Manaus. Arrêt de plusieurs jours avec option d'un trip dans la jungle d'une semaine (à voir sur place).
- Départ de Manaus à Iguazu en avion. Arrêt d'une semaine à Iguazu à la découverte des chutes.
- Départ d'Iguazu pour João Pessoa en avion.
- Retour à Jacaré.

Nous avons achetés les billets d'avion avant notre départ de Jacaré pour bénéficier de prix très avantageux, en prévoyant une marge de plus d'un mois le long de l'Amazone. Cela rend ainsi le séjour flexible et adaptable au gré de nos humeurs, de nos envies et des rencontres qui font le voyage, comme nous le savons depuis un an que nous sommes partis en bateau.
Pour les hébergements, nous verrons sur place... 

Nous préparons nos sacs en essayant d'être le plus léger possible. Quelques shorts et T-shirts, un pull et un pantalon chacun, même si les températures sont plutôt chaudes. Pour l'escapade dans la jungle et les moustiques, cela devrait s'avérer utile.
Les sacs de couchage trouvent également leur place et une petite trousse à pharmacie au cas où !
Au final, un gros sac à dos de 50 litres et un petit de 20 !!

Sac de Corinne à gauche, sac de Pierre à droite

Et nous voilà en route vers la gare routière de Joao Pessoa. MP3 et livres font également partie du voyage. Nous en avons pour presque deux jours de bus jusqu'à Belem, alors il faut bien s'occuper.

Le bus fait quelques arrêts sur la route pour les pauses encas. Les churrascaria (restaurants de viandes grillées typiques) dans lesquelles nous faisons halte ne sont malheureusement pas des perles de gastronomie même si nous apprécions généralement les stops dans des endroits complètement isolés du tourisme. Par contre, l'autocar est un bon moyen pour visiter le pays.
Les paysages défilent et nous nous approchons peu à peu de l'Amazonie. Nous apercevons des buffles d'eau et nous traversons des champs avec des cultures à perte de vue.

Enfin, le chauffeur atteint Belem en pleine nuit. 1h du mat' et aucune réservation. Ca va être sport.
Finalement, les bus de nuit tournent, et nous arrivons au centre ville à la recherche d'une auberge de jeunesse indiquée sur notre guide. Les ruelles sont désertes et il fait plutôt sombre mais épuisés par ces longues heures de trajet, nous sommes aux anges quand la personne à l'accueil nous trouve une chambre double à un prix très raisonnable... avec deux ventilateurs s'il vous plaît !!
On s'apercevra bien vite qu'en cette région, ventilo ou clim sont indispensables tant la chaleur est pesante dès 8h du mat'.
Dès le lendemain, nous ne traînons pas. 3 jours maximum à Belem pour les visites. Avant toute chose, nous savons que nous devons nous procurer des hamacs qui seront notre domicile/couchette pour le mois à venir !
Direction le marché de Ver-o-Peso. Dépaysement assuré. C'est un énorme marché couvert en grande partie. Pour nous, c'est comme la caverne d'Ali Baba. Les fruits et légumes sont une découverte à chaque stand. Les saveurs sont pour la plus part inconnues en France. Nous passerons même une après-midi pluvieuse à goûter des jus de fruits de toutes sortes, savoureux comme imbuvables. La vendeuse est surprise et hilare de voir deux "gringos" passés autant de temps sur son stand, et nous, nous apprécions l'ambiance et les goûts atypiques !!

Les noix de cajou et noix du Brésil sont également exceptionnelles et à un prix défiant toute concurrence. Nous en prenons quelques grammes pour le voyage en bateau. Ce sera bien bon pour les petits creux.
Quant aux marchands de hamacs, ils étendent leur filets sur des centaines de mètres. Il y en a de toutes les tailles et pour tous les goûts. Les couleurs sont superbes et pour certains improbables. Du hamac treillis en toile au petit hamac nounours pour la chambre de bébé en passant par les jolis hamacs tissés aux couleurs chaudes, chacun trouve son compte à tous les budgets.
Voulant les garder sur Avocet par la suite, nous choisissons les nôtres colorés, tissés, et plutôt solides et ce à un bon prix après négociation.
Ca y est, nous sommes parés. Amazone, nous voilà !!







Médecine naturelle pour tout ce qui peut vous arriver

Port de pêche de Belem


Le reste de la ville ne vaut pas vraiment le détour. Un petit centre historique aux jolis bâtiments "belle époque" pourrait faire la différence mais n'est pas suffisamment mis en valeur pour que nous décidions de nous y attarder plus.
3 jours étaient donc largement suffisant. Et puis, il nous tarde de flotter sur l'Amazone. Nous nous procurons donc des billets auprès d'une agence pour les fameux bateaux hamacs avec départ le lendemain. Nous apprendrons plus tard qu'il ne faut pas hésiter à acheter ses billets au dernier moment directement au terminal. Les prix sont presque divisés par deux !!

Le lendemain, nous sommes donc sur le quai cinq heures avant le départ du bateau. On nous avait conseillé d'être en début de file pour pendre correctement son hamac sur les crochets mis à disposition. De préférence loin des toilettes, loin des coursives, loin du bar, sur les ponts supérieurs loin du moteur... bref, il reste très peu d'options. 
Et effectivement, nous étions dans les premiers avec a priori une place de choix !
Mais finalement, c'est un joyeux bazar. Tout le monde se précipite, accroche son filet là où il peut. Il n'y a pas de règle. Tant qu'il reste des crochets, tout est possible !
Vous vous retrouvez donc avec un hamac au-dessus, un hamac en dessous... mais de la place pour tout le monde. 
Le plus déroutant pour nous est que, finalement, il n'y a aucun problème, pas de disputes ou d'agressions verbales. Les gens sont souriants et plutôt conciliants... nous en faisons de même. Après tout, nous allons partager une colocation pour les 4 jours et 3 nuits à venir. Alors autant faire sa place dans les meilleures conditions !!

Jeu de couleurs sur le bateau hamacs



Après près de 3 heures d'installation, le bateau démarre. Malheureusement, il fait déjà presque nuit et nous n'apercevrons les bords de l'Amazone que le lendemain. La nuit se passe tranquillement. Pour une première fois en hamac, l'adaptation est facile. Plus que nous ne l'imaginions !

Les quatre jours en bateau vont finalement passer très vite. Les paysages sont absolument surprenants. Nous n'avions pas vu chose pareille auparavant. On observe différentes hauteurs d'arbre, la jungle étant un véritable écosystème bien pensé. L'eau est boueuse mais finalement propre. Des dauphins pointent fréquemment le bout de leur nez. Des petits gris plutôt communs et de drôle de dauphins roses qu'on ne trouve qu'ici ! 
La vie à bord se fait au rythme des arrêts dans des petits villages où nous courrons à chaque fois pour acheter du ravitaillement (portion de poissons ou de viandes avec feijoada, riz et farinha de manioc systématiquement, sac de soupe froide d'açaï - fruit local violet plutôt amer qu'il faut bien sucré pour pouvoir l'avaler, chips de bananes plantain, fromage local et surtout de délicieux ananas).

Escale rapide




Canoë des enfants de l'Amazone




Escale nocturne

A bord, nous avons retrouvé par hasard Dominique et Didier, un couple de marins, comme nous, ayant laissé leur bateau à Jacaré ! Pure coïncidence.
Nous rencontrons également un jeune trentenaire russe, Andreï, qui parcourt le monde à la recherche de son coin de paradis. Nous nous adoptons mutuellement et passons le plus clair de nos journées paisibles ensemble.
Il descend aussi à Santarem.
C'est d'ailleurs notre prochaine escale. Après un amarrage un peu brutal, nous descendons avec Andreï à la recherche du bus pour Alter do Chao.
Rejoint par Dominique, Didier et leur amie, nous trouvons l'arrêt sans problème. Et c'est parti pour 40 minutes de course folle. Les chauffeurs sont apparemment payés aux nombres de trajets réalisés. Je veux bien le croire. Rester debout dans un bus plein comme un oeuf au Brésil en général est plus proche d'un cours de musculation que d'une sinécure... 
Mais nous arrivons indemne au joli village d'Alter do Chao.
Et là qu'elle ne fût pas notre surprise de trouver des plages de sable blanc avec cocotiers ! Une vraie carte postale. Ce village est bordé par la rivière Tapajos. Plus rien à voir avec l'Amazone. Le débit est plus faible même si la rivière est très large à certains endroits (15 km quand même !!!). L'eau est claire.
Un petit paradis au milieu de l'Amazone. Mais rien ne manque cependant. Ce bourg attire beaucoup de monde le week-end. C'est la sortie des habitants de Santarem et une découverte pour quelques backpackers.

Plage du Rio Tapajos





De plus, nous y étions pendant les fêtes de Noël et du 1er de l'an. A ce moment-là, le village prend des allures de station balnéaire !!! Qui l'eût cru !
Mais nous avons eu la chance de trouver l'Albergue da Floresta, auberge de jeunesse à l'écart du centre qui a pour ainsi dire sa plage privée. Accrocher son hamac est également possible. Parfait. Même si les prix montent en période de fêtes, cela reste raisonnable.
Andreï s'installe ici également et nous apprécions le calme et la douceur de vivre de cet endroit. Les rencontres avec les autres backpackers se font tout naturellement. Une petite communauté s'organise. Espagnol, Allemand, Néo-zélandais, Russe. Toutes les nationalités se mélangent. Noël est fêté dans une ambiance chaleureuse chacun faisant mijoter ces petits plats. Le repas est dressé autour d'un mélange de saveurs culinaires originales. Le tintement des glaçons se fait entendre dans les verres de caïpirinha et la soirée est mémorable. Chacun parle de ses expériences de voyage. Nous échangeons les conseils et les tuyaux pour les prochaines étapes. Nous finissons la soirée sur des débats philosophiques comme nous pourrions le faire avec des amis de longues dates !!

Andrei, notre Russe préféré

Préparation du dîner de réveillon

Discussion philosophique

Les jours suivants, nous varions les plaisirs entre baignades, découverte du village et bien sûr des spécialités locales. Nous rejoignons l'Ilha do Amor avec une petite barque qui fait la navette et montons à travers la forêt pour atteindre une petite colline. Le point de vue de là-haut est magique !

L'auberge de jeunesse offre la possibilité de laver son linge... après déjà 10 jours de voyage, il était temps !!!!
Les patrons originaires de la région ont également de très bons contacts avec les communautés indiennes toutes proches.
C'est l'occasion de partir en petit groupe international pour une excursion dans la jungle à très bon prix. 
Bata, un indien vivant dans la communauté de Jamaraqua, vient nous chercher à l'aube sur son bateau en bois motorisé.
Nous remontons donc le Rio Tapajos 4 heures durant et atteignons son village, ravis de passer quelques jours éloignés de tout. 
Un petit programme de découverte est cependant mis en place mais nous avons presque droit à du sur-mesure !
Partant expérimenter une première nuit dans la jungle après deux heures de marche, les hamacs sont accrochés autour du campement. Et c'est préférable. Les tarentules sortent la nuit et Pierre se retrouve au petit matin avec un trou de l'une d'elles à ses pieds... 
Les singes hurleurs poussent également leur cris stridents pendant une bonne partie de la nuit ! L'ambiance est plutôt austère mais nous dormons finalement comme des bébés. Accompagnés de Bata, expérimenté et plutôt blagueur (malgré la barrière de la langue), la sécurité est assurée !!

Avec lui, nous apprécions ce coin hors du temps. Le village possède l'électricité à certaines heures mais le confort reste sommaire. Les hamacs sont pendus sous une cahute pour les nuits à venir.
Le temps s'est arrêté. Nous vivons avec les poules, les canards, les chiens, les chats et les perroquets apprivoisés. Rien ne manque. La femme de Bata nous prépare les repas, alternance de poulets et de poissons locaux. Nous avons même la bonne surprise d'avoir de délicieux pancakes chauds tous les matins avec du jus de cupuaçu (fruit typique d'Amazonie) !! Un délice.
Nous partons nous baigner dans les rivières toutes proches. L'eau est d'une pureté impressionnante.


Trajet sur le Tapajos



Baignade sous un pont

Les balades en canoë dans l'igarapé de Jamaraqua est également à couper le souffle. C'est un bras étroit et peu profond de rivière qui immerge la rive. Les arbres se retrouvent les pieds dans l'eau à la saison des pluies et tout un écosystème unique s'y développe. De véritables moments d'exception.
Nous y retournerons de nuit pour approcher les crocodiles...




Jane

Animal domestique local

Il va falloir pousser... dur dur

Ok, c'est pas crocodile Dundee, mais il y a un début à tout

Réorientation professionnelle, finalement, Pierre va se lancer dans une carrière de pirate

Nous rapportons également des souvenirs d'artisanat local. Même si l'hévéa ne fait plus la richesse de l'Amazonie depuis longtemps, le latex, extrait de cet arbre, est toujours utilisé par les indiens. Réalisé à faible échelle, il permet un petit commerce qui fait le bonheur des voyageurs de passage tant par son originalité que par sa confection écologique !



Communauté de Jamaraqua

L'igarapé




Nous laissons Bata et sa petite famille (14 enfants tout de même) après quatre jours mémorables et c'est le coeur un peu serré que nous retournons à Alter do Chao.
Quelques jours encore de farniente, mise en place également de la suite du programme et c'est le départ pour Manaus.

A nouveau deux nuits de bateau hamacs avec son lot de surprises. Les habitants des rives de l'Amazone approchent le bateau sur des pirogues parfois non motorisées. Livraison de fruits, de crevettes, d'encas de toutes sortes. Les scènes sont impressionnantes. Parfois, l'équipage n'est composé que d'enfants mais la dextérité avec laquelle ils s'amarrent au ferry est digne de James Bond. Tout est parfaitement huilé. Les enfants restent à bord plusieurs heures en attendant le passage d'un bateau dans l'autre sens pour se faire remorquer jusqu'à leur point de départ.
C'est l'occasion de leur offrir un repas, des jouets ou des habits. Le décalage entre notre vie confortable et la leur, beaucoup plus proche de la nature, est frappant. 

48 heures plus tard, le bateau atteint Manaus. Autre contraste. La ville compte plus de deux millions d'habitants. Son développement remonte à l'époque de l'ère du latex il y a plus de 200 ans. Aujourd'hui, les seuls vestiges de cette apogée sont les beaux bâtiments coloniaux parsemés au centre ville. Tout comme à Belem, ceux-ci ne sont absolument pas mis en valeur et même si l'activité permanente laisse à penser que certains programmes de rénovation sont en cours, la tâche reste immense.

Les docks de Manaus
Le Théatre
Vendeur ambulant de hamacs

Besoin d'une nouvelle hélice ?


Travail au marché aux bananes


Banlieue de Manaus

Pour la première fois, nous tentons le coach surfing. Inscrits quelques jours plus tôt sur le site web éponyme, nous étions en contact avec Candido, un jeune brésilien, gendarme militaire de son métier et passionné de langue française.
Il nous accueille chaleureusement et simplement dans sa maison. Les hamacs nous permettent une nouvelle fois de dormir aisément.

Avec Candido notre hôte...

Grâce à lui, nous découvrons la ville sous un autre angle. Il nous emmènera même à son université pour participer à son cours hebdomadaire de Français. Sans aucune préparation, nous animerons le cours avec le professeur attitré. Ce dernier met une ambiance terrible tant il est ouvert et loquace. Son Français est parfait. Il utilise même des mots d'argot. Le plus impressionnant est qu'il n'a jamais vecu en France. Il a tout appris par lui-même et par l'intermédiaire d'amis français expat de Manaus !!! Les élèves sont un peu timides mais peu à peu les langues se délient et nous passons un moment grandiose.

Notre sortie de prédilection est le bar d'Armando au centre-ville où l'animation est permanente. Des groupes de musique se produisent presque tous les soirs. L'ambiance est garantie. Il se trouve près de la place du théâtre qui reste un des seuls bâtiments de Manaus qui vaut la visite avec le marché couvert. C'est une réplique de l'Opéra Garnier et certaines représentations sont gratuites. Malheureusement, aucune programmation n'était prévue lors de notre passage... Ce sera peut-être pour une autre fois !

Notre départ pour Iguazu nous laissait encore une dizaine de jours à Manaus et nous étions plutôt indécis quant à notre programme. Les visites dans la jungle sont un vrai business ici et coûtent souvent très cher. Le souvenir de Jamaraqua nous ayant laissé une douce saveur, l'idée de le répéter ici ne nous enchantait pas. D'autres balades sur deux jours étaient possibles mais restées là aussi très touristiques.
Nous pensions que notre séjour à Manaus serait finalement un peu trop long mais c'était sans compter l'apparition dans notre sillon de Adal !!!
Figure emblématique de l'Amazonie, il est presque tous les soirs au bar Armando. Non pas pour boire mais pour jouer de la musique. 
Assis un soir à la table d'à côté, c'est naturellement qu'il se tourne vers nous pour engager la conversation en FRANCAIS s'il vous plaît !!!
Tout à notre étonnement, il nous apprend qu'il a passé presque 20 ans à Paris en tant que chanteur/musicien. Il connaissait les figures du showbiz de l'époque de Jacques Martin à Yves Mourousi... nous n'en revenions pas. Comment un petit bonhomme, de plus de 60 ans, du milieu de l'Amazonie pouvait se retrouver sur les scènes françaises et surtout quelle chance nous avions de parler à une célébrité locale avec laquelle la communication était possible.
Sa bonne humeur et son naturel en font une personne tout de suite attachante. Il a dû avoir le même sentiment pour nous car il nous adopte et nous prendra sous son aile jusqu'à notre départ pour Manaus.

Adal au bar do Armando
Nous lui expliquons notre envie de découvrir la vraie vie des Brésiliens de l'Amazonas. Et ni une ni deux, il nous embarque avec lui pour son village d'origine à 350 kilomètres de là.
Nous reprenons un bateau hamac et l'ambiance est complètement différente des autres fois. Plus petit, le bateau transporte peu de touristes brésiliens, plutôt des locaux. Quant aux étrangers, il n'y en a pas. Nous sommes les seuls gringos à bord !!
Adal retrouve des amis et il chante son répertoire au son de deux guitares acoustiques. Plusieurs personnes dont le capitaine s'installe sur les tables en plastique du pont supérieur et enchaînent les parties de dominos. Attention les méninges, il vaut mieux compter vite. Nul en calcul mental s'abstenir !!

Nous arrivons à Coari après seulement 30 heures de ferry. Une vaste étendue de maisons flottantes jonchent l'entrée du village. Nous voulions du dépaysement et de l'authenticité, nous sommes servis !!
Nous passerons une semaine ici avec des souvenirs inoubliables.
Adal nous présentera à tout le monde. Nous avons toujours la barrière de la langue mais il veille au grain et nous pousse à communiquer. Les progrès se feront sentir très vite et l'expérience en sera d'autant plus riche. Bourré d'énergie, il nous emmène partout. Du repas chez l'ancien/futur maire de Coari à la fête d'anniversaire d'une brésilienne de 85 ans, le temps passe très vite.
Nous partagerons également deux jours avec une famille de pêcheurs vivant sur un grand bateau de bois sur une île non loin de là. Encore des moments privilégiés que nous apprécions simplement.
Les parties de rigolades, les moments de "lost in translation", la douceur de vivre et la gentillesse sans commune mesure des gens d'ici, nous confortent dans l'idée de s'éloigner autant que possible des zones touristiques.


Coari... magique







Poisson attrapé après une baignade au même endroit... !














L'expérience Amazonas sera gravée dans nos mémoires pour un long moment. De retour à Manaus, Adal nous invite à passer les derniers jours chez lui. Les hamacs sont à nouveau pendus (!!).
C'est simplement et en véritables amis que nous savourons ces derniers instants.
Dans quelques jours, ce sera un autre monde...


La maison d'Adal à Manaus
Notre chambre



Scène de rue

Le départ est émouvant. Nous espérons nous revoir même si rien n'est moins sûr.
L'avion est à l'heure. Nous embarquons avec la tête remplie de souvenirs et le coeur lourd mais d'autres surprises nous attendent.

Arrivés de nuit à l'aéroport d'Iguazu, le plus simple est d'aller directement aux chutes brésiliennes.
Il faut savoir que les Cataratas del Iguazu font partie des sept nouvelles merveilles du monde !
Elles s'étendent à la frontière de 3 pays : le Brésil, l'Argentine et le Paraguay.
Le tourisme est bien sûr à son apogée. Tout est sous contrôle pour une meilleure préservation du site (et certainement pour un maximum de business !)
Mais le détour en vaut la peine.
Le côté brésilien offre une vue d'ensemble sur 275 cascades. Le panorama est saisissant. Le bruit assourdissant. Des milliers de mètres cubes d'eau sont déversées par secondes. Mieux vaut prévoir les maillots de bain car la douche est assurée. On s'approche si prêt que la communication est impossible mais à quoi bon finalement... En prendre plein les yeux est suffisant, nous restons sans voix. Comme à chaque beauté naturelle, il est très difficile de trouver les mots justes pour en parler.
Les photos sont généralement le meilleur moyen.






Les coatis

En Argentine, c'est le même spectacle qui nous attend, sauf que cette fois-ci nous sommes au coeur des chutes. Des sentiers métalliques ont été emménagés pour se faufiler au milieu de ces merveilles de la nature. Nous passons la journée à contempler ce spectacle majestueux.









Une petite chute plus à l'écart et demandant plus d'une heure de marche dans la forêt n'attire pas la même convoitise.
Pour nous, c'est l'occasion de s'éloigner des hordes de touristes qui ont envahi le site. Pour la pause déjeuner, ce sera parfait. Et grand bien nous en a pris !!! Une dizaine de personnes seulement sont présentent. L'endroit est calme, vierge de construction métallique et nous offre en prime la possibilité de se baigner dans une piscine naturelle... un bonheur simple et pourtant salvateur. Plus de 35°C et une agglutination de personnes à certains endroits auraient pu avoir raison du Cap'tain !!

Nous séjournerons pendant une semaine à Puerto Iguazu du côté argentin. La ville est plus petite que du côté brésilien et cela nous permettra de changer de langues, de monnaie et d'ambiance... Nous nous régalerons également de viandes rouges succulentes (et servie saignantes ! une fois n'est pas coutume).
L'auberge de jeunesse trouvée est idéale. Près de la gare routière, propre, accueillante avec du passage et très bien équipée.
Un peu épuisés par notre voyage en sac à dos, nous consacrerons les jours suivants à du farniente au bord de la piscine ! Entre lecture, baignade et papotage avec les autres backpackers (beaucoup de Français ici). C'était la solution idéale à ce moment-là.

C'est plein de sentiments contraires que nous prenons le vol de retour pour João Pessoa. Excités à l'idée de retrouver Avocet et nostalgiques de cette aventure terrestre qui nous a offert tant de belles choses pour les yeux et des moments si riches pour le coeur.
Après seulement une escale, Jacaré apparaît déjà à travers le hublot. Avocet n'a pas bougé. Tout va bien. Plus que 10 jours à profiter du Brésil. 
De nouveaux arrivants sur les pontons nous questionnent dans l'optique d'organiser des voyages similaires... Bien entendu, nous ne pouvons leur en dire que du bien !!
Il est temps de préparer le bateau en vue d'un départ tout proche. 
Nous retrouvons également Francis. Panxo et Aranxa sont partis depuis longtemps mais nous faisons la connaissance de Gisèle et George avec qui le courant passe tout de suite.
Entre virée au marché, partage d'expérience ou simple discussion d'amis, les derniers jours passent très vite. Nous profitons des nos deux derniers sabadinos et il sera tant de mettre les voiles, Cap au Nord !!

Déjeuner sur la plage avec Bernard, George et Giselle

Plage au sud de Joao Pessoa


Début février par 35 degrés à l'ombre


Joao Pessoa

L'aventure brésilienne se termine et nous aura procuré des moments privilégiés que nous n'oublierons pas de sitôt.
Les Caraïbes sont la prochaine étape avec un dernier arrêt brésilien à Lencois de Maranhenses.

Là-bas, nous retrouverons certainement des amis. Cela fait chaud au coeur de penser que d'autres bons moments nous attendent.